Christophe MORIN – « Le château de La Roche-Guyon »

Dans la collection « Itinéraires », les éditions du Patrimoine viennent de faire paraître ce guide de visite.

Retrouvez l’annonce du livre sur le site de l’éditeur


A l’occasion de la sortie de l’ouvrage, une visite a été organisée pour les membres du Ghamu, le 19 avril 2008.

Daniel RABREAU – « Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806), architecte du roi »

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Editions du Patrimoine, octobre 2005

collection Monographies d’architectes

ISBN 10 2-85822-846-9

ISBN 13 978-2-85822-846-1

23,5 x 28 cm

Relié plein papier dos toile

192 pages

229 Illustrations

45 €


Présentation

Créateur inspiré du siècle des Lumières, bâtisseur visionnaire, utopiste et écrivain d’inspiration maçonnique, l’architecte Claude Nicolas Ledoux exerça d’abord son art avec succès comme ingénieur et dans le domaine privé sous le règne de Louis XV. Protégé de Mme du Barry, il édifia – outre de nombreux hôtels particuliers – le pavillon de Louveciennes, le château de Bénouville, celui de Maupertuis et réalisa la décoration du Café militaire. Puis, architecte du roi, il construisit sous Louis XVI la saline d’Arc-et-Senans commandée par Louis XV avant sa mort et les barrières de Paris ; en province, avec la construction du théâtre de Besançon, il fit progresser la réforme des lieux de spectacle.

Tombé en disgrâce à la Révolution, il fut incarcéré à la Force en 1793. Empêché d’exercer, il commence la rédaction de L’Architecture considérée sous le rapport de l’art, des mœurs et de La législation. Ce texte, superbement illustré de projets grandioses qui rendent compte de la surprenante modernité de sa vision, offre à la postérité toute l’étendue de la puissance créatrice de Ledoux et une solide réflexion sur l’implication sociale et politique de l’architecture. Lors des réformes urbanistiques de Paris au XIXe siècle, ses constructions furent pour les trois quarts détruites.

En s’appuyant sur ce qu’il reste encore actuellement de ses édifices, sur les estampes de ses projets et réalisations ainsi que sur ses écrits, qui témoignent de ses aspirations, cet ouvrage propose de retracer le parcours du grand novateur humaniste que fut Ledoux à travers une étude approfondie de son œuvre. Cette étude s’accompagne de celle, indissociable, du contexte historique particulièrement mouvementé dans lequel Ledoux vécut et s’articule autour d’une analyse sensible de la question du progrès des arts.

SOMMAIRE

Introduction

Chapitre premier

L’architecte et le culte des arts

La vocation artistique

La formation d’architecte

L’ingénieur des Eaux et Forêts

Le chef d’agence privée

L’architecte des Grâces

Chapitre II

L’architecte du roi et les monuments du progrès

L’inspecteur des saline royales, architecte de la Ferme générale

Le mur des Fermiers généraux, propylées de Paris

Le théâtre, temple de la réunion des arts

Le chantier des monuments des lois et des droits

Chapitre III

L’architecte à la mode, un visionnaire brisé par la Révolution

Spéculations immobilières et habitat paysager parisien

Projets pour l’étranger

Ledoux à l’Académie royale d’architecture

De la promesse d’anoblissement à la tourmente révolutionnaire

L’architecte patriote et le testament livresque

Chapitre IV

Une esthétique classique touchée par les Lumières

L’ordre antique et la variété dans l’unité des effets monumentaux

La science distributive : invention et contraste dans les rapports extérieur-intérieur

Le mouvement et la miseen scène pittoresque dans l’espace

Le décor : sculpture, nature et mythes parlants, comme en peinture

Chapitre V

L’art au service du public : symbolique du pouvoir et embellissement urbain

Un monument industriel aux champs

L’architecture du spectacle

Un programme royal et national, symbole de progrès civique

Une apologie de la citoyenneté : l’ordre géométrique du monde

Chapitre VI

L’utopie et la poésie de l’art

Les emblèmes de l’utopie architecturale

Ledoux écrivain

L’utopie : une vision morale et encyclopédique de l’art

Annexes

Chronologie

Glossaire

Bibliographie générale

Index des noms et des lieux

Index des oeuvres et illlustrations


lien vers la page de l’éditeur : http://editions.monuments-nationaux.fr/fr/le-catalogue/bdd/c/monographies-d-architectes/collection/27

Janine BARRIER – « Les Architectes européens à Rome 1740-1765. La naissance du goût à la grecque »

Ouvrage publié en 2005 aux Éditions du patrimoine, dans la collection « Temps & Espace des arts » dirigée par Daniel Roche et Daniel Rabreau.


Format 22 x 28cm

176 pages

111 illustrations

Prix : 39€

Présentation de l’éditeur


Dans les années 1730-1740, la « rocaille » connaît en France un épanouissement sans pareil, et tous les intérieurs se couvrent d’une débauche d’ornements dissymétriques alliant le minéral et le végétal. Mais les réactions ne tardent pas. Des théoriciens aspirent au retour du « goût simple et noble de l’antique ». Marc-Antoine Laugier, influencé par l’enseignement de l’érudit vénitien Carlo Lodoli, prône la supériorité d’une architecture fonctionnelle dont il retrouve en Grèce les fondements.

Dans ce contexte, l’influence des idées et des œuvres de Piranèse, puis l’étude simultanée des ruines grecques et romaines, vont conduire à une évolution progressive des formes. Les artistes en résidence à l’Académie de France à Rome élaborent peu à peu une syntaxe et un vocabulaire nouveau. Parmi ces pensionnaires, se succéderont de jeunes architectes, Clérisseau, Peyre, de Wailly, Moreau, Chalgrin, qui côtoient dans la cité romaine leurs confrères étrangers, les Anglais William Chambers et Robert Adam, le Belge Laurent Benoît Dewez… Une profonde mutation se produit alors, qui donne naissance à un changement esthétique majeur, le « goût à la grecque », prélude au néoclassicisme.

Ainsi le piranésisme laissera-t-il son empreinte jusqu’à la fin du siècle sur plusieurs générations d’architectes, comme en témoignent les oeuvres de Sir John Soane, d’Etienne Louis Boullée et de Claude Nicolas Ledoux.


SOMMAIRE DE L’OUVRAGE


Introduction

L’Antiquité revisitée

Chapitre premier

Rome et le Grand Tour

Chapitre 2

L’Académie de France à Rome

Chapitre 3

Les architectes au travail : relevés d’architecture

Chapitre 4

La voie piranésienne : le caprice d’architecture

Chapitre 5

Les projets d’architectures

Chapitre 6

Les français et la Grèce

Conclusion
Du « goût grec » au « goût à la grecque »

Annexes

Bibliographie

Index

Remerciements

Crédits photographiques

Emmanuelle PEYRAUBE – « Le Harem des Lumières. L’image de la femme dans la peinture orientaliste du XVIIIe siècle »

L’ouvrage vient de paraître aux Editions du patrimoine dans la collection « Temps & Espace des arts ».
Réflexion sur l’engouement du siècle des Lumières, de ses peintres notamment, pour l’exotisme oriental, l’ouvrage tente plus particulièrement de situer l’émergence du thème du harem, motif central de maintes turqueries. Il est issu d’une thèse de doctorat, soutenue au Centre Ledoux de l’Univertsité Paris I Panthéon-Sorbonne.

Lire la suite

« Claude-Nicolas Ledoux et le livre d’architecture en français » , « Etienne-Louis Boullée, l’utopie et la poésie de l’art »

Cet ouvrage est toujours disponible. Il regroupe les actes de deux colloque internationaux du Centre Ledoux, organisés avec l’Université Paris I, l’INHA, et la BnF, avec le concours de l’association GHAMU.

LEDOUX

ET LE LIVRE D’ARCHITECTURE EN FRANCAIS

Paris, 3-4 décembre 1999

et

BOULLEE

L’UTOPIE ET LA POESIE DE L’ART

Paris, 3-4 décembre 2004


Editions du Patrimoine

Collection Idées et débats

ISBN 10 : 2-85822-868-X

ISBN 13 : 978-2-85822-868-3

21 x 27 cm

broché avec rabats

364 pages

120 illustrations

29 €

http://editions.monuments-nationaux.fr/fr/le-catalogue/bdd/livre/593


Texte de la 4ème de couverture :

La publication, en un seul volume, des actes de deux colloques consacrés à une approche contextuelle de l’oeuvre de Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806) et Etienne-Louis Boullée (1728-1799) célèbre le souvenir de deux des plus grands architectes français de la seconde moitié du XVIIIe siècle. A peu près oubliés au XIXe siècle (on détruisit alors les quatre cinquièmes des édifices de Ledoux), ils ne furent vraiment redécouverts que dans les années 1930. Dans l’historiographie de l’art dit « néoclassique », enfin apprécié depuis un demi-siècle, l’oeuvre de Ledoux et de Boullée symbolise désormais la part la plus révolutionnaire de l’architecture inspirée par la pensée, progressiste et libertaire, des Lumières. La publication des écrits sur l’art, inédits, et des magnifiques dessins de Boullée, les rééditions en fac-similé, réduits, du grand livre théorique et poétique que Ledoux avait fait paraître, comme un testament, peu avant sa mort (L’Architecture considérée sous le rapport de l’art,des moeurs et de la législation, 1804), sont devenues des ouvrages classiques de la culture architecturale, d’une manière quasi trans-historique.

L’utopie, la poésie des formes, l’iconographie parlante et le caractère moralisateur – politique et social – des réalisations et des projets de ces artistes sont souvent compris selon un idéal universel qui fait leur force. Mais en s’intéressant ici aux publications anciennes ou diffusées de leur temps, avec lesquelles ils se sont trouvés en émulation, en rétablissant leur influence européenne, tant en Russie qu’en Angleterre, par exemple, tandis que s’étend l’espace des Lumières, les communications de ces actes tentent de restituer le climat architectural dans lequel Ledoux et Boullée se sont exprimés.


Sommaire de l’ouvrage

Avant-propos

PREMIERE PARTIE
Ledoux et le livre d’architecture en français

I – REINTERPRETATION DES ECRITS THEORIQUES

1-Frédérique Lemerle (Centre d’études supérieures de la Renaissance-CNRS-Université de Tours)
Claude Perrault théoricien : l’Ordonnance des cinq espèces de colonnes (1683).
2-Yoann Brault (Archives nationales et Centre Ledoux)
La question des proportions dans le Cours d’architecture de François Blondel.
3-Marie-Pauline Martin (Université de Nantes et Centre Ledoux)
« L’architecture est vraiment harmonique » : l’enjeu stratégique des analogies entre proportions architecturales et musicales dans le livre d’architecture, de Perrault à Ledoux.
4-Manuel Weinberger (Université de Vienne, Autriche, et Centre Ledoux)
Les traités d’ordres nationaux dans la seconde moitié du 18e siècle, 1752-1813.
5-Laurent Koetz (Ecole d’Architecture de Paris-Belleville)
Grandeur et mesure, des descriptions de Saint-Pierre de Rome au sublime dans la théorie architecturale à la fin du 18e siècle.

II – LA PENSEE ARCHITECTURALE FRANCAISE DANS L’EUROPE DES LUMIERES

6-Olga Medvedkova (Institut national d’histoire de l’art, Paris)
« Afin de faciliter aux étrangers… » Edition des livres d’architecture en français dans l’Angleterre du 18e siècle.
7-Frédéric Jiméno (Université de Paris-I Centre Ledoux)
La diffusion des livres d’architecture en français dans l’Espagne des Lumières : évolution et spécificités.
8-Dirk Van de Vijver (Katholieke Universiteit Leuven, Belgique, et Centre Ledoux)
Les relations franco-belges dans les publications d’architecture du siècle des Lumières.
9- John Wilton-Ely (Université de Hull, Grande Bretagne)
Ledoux et Piranèse : spéculation et communication.
10-David Watkin (Université de Cambridge, Grande-Bretagne)
La Grèce et le sublime : la psychologie de Ledoux et de Soane.

III – LES ECRITS SUR LA VILLE, LES PROGRAMMES ET LA NATURE DE L’ARCHITECTURE

11-Marie-Luce Pujalte (Université de Poitiers)
Le Projet pour le commerce et les embellissements de Toulouse (1752-1754) de Louis de Mondran ou l’idée de progrès dans les arts par un amateur.
12-Céline Illig (Université de Paris-I Centre ledoux)
Le projet monumental de Pierre Patte pour l’île de la Cité (1765).
13-Sylvain Chuzeville (Université de Lyon-II)
L’extrait d’un mémoire sur le Projet d’un plan général de la ville de Lyon, version abrégée du grand œuvre de Jean-Antoine Morand (1727-1794).
14-Katia Frey (Ecole Polytechnique Fédérale de Zürich, Suisse, et Centre Ledoux)
Les projets de maisons de campagne pour la ville idéale : programme, caractère, fonction de l’habitat champêtre chez C.-N. Ledoux.
15-Jean-Philippe Garric (Ecole d’Architecture de Paris-Belleville)
Mode de production et forme d’un archétype : Palais, maisons et autres édifices modernes de Percier et Fontaine
16-Valérie Nègre (Centre d’Histoire des Techniques-CNAM, Paris, et Ecole d’Architecture de Strasbourg)
Principes de l’ordonnance et de la construction des bâtiments de Charles-François Viel.
17-Christopher Drew Armstrong (Université de Toronto, Canada)
Leroy, Ledoux et l’économie des formes.

IV – NOUVELLES PERSPECTIVES LEDOLCIENNES

18- Alexandre A. Barabanov, Oxana A. Barabanova-Makhneva, Veronigie. O. Ignatiéva (Académie d’Etat d’Architecture et des Arts de l’Oural, Ekaterinbourg, Russie).
C.-N. Ledoux et l’architecture en Russie
19-Serge Colomb (Agrégé d’art plastique, ancien pensionnaire de l’Académie de France à Rome, Montélimard)
L’Architecture… de 1804 : traité d’architecture ou livre des illusions ?
20-Antoine Picon (Université Harvard, U. S. A.)
Von Ledoux bis Saint-Simon ?

DEUXIEME PARTIE
Boullée, l’utopie et la poésie de l’art

21-Simona Talenti (Ecole d’architecture de Bretagne, Rennes)
1900. Boullée retrouvé
22-Christopher Drew Armstrong (University of Toronto, Canada)
De la théorie des proportions à l’expérience des sensations: l’« Essai sur la Théorie de l’Architecture » de Julien-David Leroy, 1770
23-Christophe Henry (Centre Ledoux, Université de Paris-I)
« De la fumée surgit la lumière » Sources théoriques et fonctions poétiques du clair-obscur boulléen.
24-Ludger Schwarte (Université de Berlin, Allemagne)
Boullée et la « maison de tous ». Les conditions architecturales de la démocratie
25-Mark K. Deming (Ecole d’Architecture de Paris- Belleville)
Les projets de Charles-François Lubersac de Livron, dit « l’Abbé-Monument », pour le Louvre et les Tuileries
26-Dominique Massounie (Université de Paris-X Nanterre et Centre Ledoux)
L’eau dans la ville idéale
27-Pascal Liévaux (Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France, Ministère de la culture et de la communication, Paris)
L’offense faite au beffroi. Fortune et infortunes d’un modèle d’architecture communale à Caen.


CONTEXTE ET THEMATHIQUE DES DEUX COLLOQUES


LEDOUX
Et le livre d’architecture en français

Célébration du bicentenaire de la publication du livre de Claude-Nicolas Ledoux :

Le Ministère de la Culture et de la Communication, avec le Haut Comité aux célébrations nationales, commémore en 2004 le deuxième centenaire de la publication du grand livre de l’architecte Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806) : L’Architecture considérée sous le rapport de l’art, des mœurs et de la Législation, Paris, 1804, grand in folio.

Dans le cadre du programme sur « La théorie de l’architecture » engagé par l’Institut national d’histoire de l’art, en partenariat avec cette institution et la Bibliothèque nationale de France, le Centre Ledoux de l’Université de Paris-I et l’association GHAMU ont organisé un colloque international à Paris, les 3 (à la BnF) et 4 (à l’INHA) décembre 2004.

Le titre du livre de Ledoux, explicite, annonce une réflexion sur l’étendue sociale et politique de l’art de l’architecture. Pourquoi ? De quelle motivation profonde ou, au contraire, de quel semblant de justification ce testament (il est unique dans la littérature d’architecture) témoigne-t-il, en affichant cette parité entre le domaine de la création artistique et le vaste champ de l’anthropologie ou de l’histoire de l’humanité ? Philosophe, mais avant tout artiste-architecte qui revendique le recours à la libre imagination, Ledoux témoigne-t-il pour rendre compte de son œuvre édifié dans la pierre ou projeté sur le papier, ou bien pour léguer à la postérité l’image d’une trajectoire artistique combative et d’une création idéale où le classicisme universel, réactivé et lancé vers l’avenir, apparaîtrait vainqueur ? L’attitude commune à Ledoux et aux artistes de son temps peut s’expliquer par l’approche des valeurs séculaires attribuées à l’usage des ordres antiques, véritable langage dont ils cherchent la raison d’être à l’origine.

A cet égard, Ledoux s’inscrit comme disciple et de Palladio et de Piranèse, mais il s’adresse aux «enfants d’Apollon », favorisés comme lui par l’esprit des Lumières, dans un style parfois fracassant qui n’appartient qu’à lui. L’appel à la libre imagination (de l’artiste, du public) est un de ses leitmotive. Entre l’imitation de la Nature et la réinterprétation de l’Antiquité (l’époque de Ledoux découvre enfin concrètement l’art grec), une voie inconnue, et redoutée par certains, vers la créativité moderne semblait pouvoir offrir le beau rôle à cette discipline de la connaissance que le siècle des philosophes, naturalistes et relativistes, libère de la métaphysique : l’esthétique. Comment l’architecte traça-t-il cette voie qui doit conduire au « progrès des arts », ce nouveau culte qu’il appelle de toute sa ferveur ?

Thématique du colloque

Véritable œuvre d’art, en soi, par la qualité littéraire très étonnante de son texte et la grande beauté de ses illustrations à l’eau-forte, le livre de Ledoux n’a jamais vraiment fait l’objet, pour lui-même, d’une étude contextualisée, ni par rapport aux publications d’architecture contemporaines de son auteur, ni par rapport aux antécédents qui pouvaient servir d’inspiration ou de modèles. Les différentes questions que posent sa lecture et son étude scientifique mettent en valeur la singularité plastique de ses illustrations à une époque où la gravure au trait tend à dominer dans l’édition. Son texte très imagé, n’exclut pas une volonté didactique dans laquelle l’esprit des Lumières se met au service de l’artiste qui commente et explique les arcanes de la création. Une véritable poétique de l’architecture semble l’emporter sur les traditionnels attendus théoriques de l’art de construire. Avec le recours permanent à la mythologie et à l’histoire, soumis à la réflexion politique et aux aspirations esthétiques que sous-tendent les applications de l’optique sensualiste, le chef-d’œuvre de Ledoux transmet une vaste vision critique de son temps, aux accents maçonniques et humanitaires. Et la projection utopique de certains projets restitue ou métamorphose, a posteriori, le caractère même de l’œuvre édifié qu’il publie.

Formé par le fameux J.-F. Blondel, académicien comme lui, Ledoux se montre très critique de l’architecture de son temps tout en vouant à l’Antiquité, régénératrice, une admiration sans bornes. En considérant son livre de 1804 comme un héritage des Lumières, proposer la traduction du Vitruve de Perrault (dans sa 2e version augmentée de 1684), comme point de départ de nos observations analytiques et comparatives, revient à considérer, d’une part, la référence livresque à l’antique comme thème majeur de la théorie de l’architecture du 18e siècle et, d’autre part, à envisager celle-ci à partir de la plus grande synthèse critique et prospective dont elle fut l’objet après deux siècles de renouveau classique italo-français.

Les thèmes du colloque sont abordés selon une unité méthodologique rigoureuse, en fonction des questionnements suivants : spécificités éditoriales des ouvrages, nature de l’engagement des auteurs dans la théorie pure ou l’exercice de l’architecture, caractéristiques des rapports entre l’illustration et le texte, nature du langage textuel adapté à la théorie, à l’enseignement, au projet et à sa réception, perception critique et perspectives historiographiques actuelles.

Comité scientifique

Alexandre BARABANOV, Architecte, professeur à l’Académie d’Architecture et des Arts de l’Oural (Russie), Laure BEAUMONT-MAILLET, Directrice du Département des estampes et de la photographie de la BnF, Barry BERGDOLL, Professeur à l’Université de Columbia, Krista DE JONGE, Professeur à l’Université catholique de Leuven, Jean-Michel LENIAUD, Professeur à l’Ecole des Chartes, dir. d’études à l’EPHE IVe section, Monique MOSSER, CNRS – Université de Paris-IV, professeur associé à l’Ecole d’Architecture de Versailles, Werner OECHSLIN, Professeur à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich, Antoine PICON, Professeur à l’Université Harvard, directeur de recherche à l’Université de Paris-I, Daniel RABREAU, Professeur à l’Université de Paris-I Panthéon-Sorbonne, directeur du Centre Ledoux, Margaret RICHARDSON, Directrice du Soane’s Museum, Werner SZAMBIEN, Directeur de recherches au CNRS – Université de Paris IV, Alice THOMINE, Conseiller scientifique à l’Institut national d’histoire de l’art, Paris.


BOULLEE
L’utopie et la poésie de l’art

Thématique du colloque

Le colloque international Etienne-Louis Boullée (1728-1799), s’est tenu les 3 et 4 décembre 1999 à Paris, sur le site de la Bibliothèque nationale de France François Mitterrand, à l’occasion du bicentenaire de la mort de l’artiste. Sous l’égide et avec l’aide de la Mairie de Paris, de la Mission pour l’Institut national d’histoire de l’art et de la Délégation aux célébrations nationales, ce colloque était organisé par le Centre Ledoux de l’Université de Paris-I Panthéon-Sorbonne et l’association GHAMU (Groupe Histoire Architecture Mentalités Urbaines) et patronné par un comité scientifique formé de Mmes Laure Beaumont-Maillet, Monique Mosser, MM. Thomas Gaehtgens, Michel Laclotte, Werner Oechslin, Antoine Picon, Daniel Rabreau, Georges Teyssot. En prolongement du colloque, une exposition virtuelle internet (http://expositions.bnf.fr/boullee/) des dessins de Boullée a été élaborée par les éditions électroniques de la BnF., sous la direction technique de Mme Françoise Juhel (commissaires chargés de la conception et de la réalisation : Mme Laure Beaumont-Maillet, Daniel Rabreau, Gaël Lesterlin, Christophe Morin, dans le cadre du Centre Ledoux). L’exposition est consultable sur le site internet de la BnF.

Boullée fait partie de ces grands artistes du 18e siècle, redécouverts durant la seconde moitié du 20e siècle, après une longue période de désintérêt pour leur œuvre. Avec la publication intégrale de ses écrits théoriques et de ses dessins, sa monographie établie par J.-M. Pérouse de Montclos (1968 et 1969), situe aujourd’hui Boullée parmi les architectes des Temps modernes les mieux connus. L’époque qui le vit actif, comme professionnel praticien, professeur, académicien, homme engagé dans l’idéal artistique de la fin de l’Ancien Régime et de la Révolution, a donné lieu à de nombreuses révisions et à un approfondissement des connaissances sur la culture et l’art des Lumières ; mais ces travaux n’ont pas nécessairement porté un meilleur éclairage sur son esthétique.

Entre Piranèse et Durand, quelles voies se sont ouvertes, quelles perspectives ont-elles été lancées, que Boullée a contribué à montrer, à expliquer, à ignorer ou à tracer lui-même ? C’est sous le rapport de l’utopie de l’art au service de la société, comme de l’artiste, et non pas de la seule utopie de l’architecture, considérée dans sa programmation constructive -ou non-, que le colloque a revisité l’œuvre de Boullée. Plus qu’aux phénomènes socio-politiques, socio-professionnels et plus généralement culturels, qui situent la théorie architecturale du professeur et l’utopie qu’illustre le dessinateur, c’est aux modes métaphoriques et mimétiques de la création qu’ont été consacrées les communications pour mieux capter l’essence poétique affirmée de l’architecture parlante.