Dominique MASSOUNIE – « Arc-et-Senans, la saline royale de Claude-Nicolas Ledoux »
Références
Dominique Massounie, Arc-et-Senans, la saline royale de Claude-Nicolas Ledoux, Paris, Éditions du patrimoine, septembre 2016.
Collection : Monographies d’édifices
28 x 24 cm
208 pages
300 illustrations
Prix : 39,00€
ISBN : 9782757705186
Classée par l’UNESCO au patrimoine mondial de l’humanité, la saline royale d’Arc-et-Senans se singularise par sa fonction et son architecture : elle fut la première usine monumentale d’Europe, commandée en 1773, du vivant de Louis XV, et mise en service en 1778.
Le site du Val d’Amour fut choisi pour sa proximité avec la forêt royale de Chaux tandis que les eaux salées, appelées saumure, étaient transportées depuis Salins, antique site de production du sel, par un aqueduc de 21 kilomètres. Sa construction en fut confiée à Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806), nouvellement nommé adjoint à l’inspecteur des Salines de Lorraine et de Franche-Comté, l’ingénieur Perronet.
Depuis quelques années, l’architecte avait fait sensation dans la capitale avec quelques maisons surprenantes par leurs élévations comme par leur distribution, dont le pavillon de Mlle Guimard (1770) à la chaussée d’Antin, et avait approché le roi à l’occasion de l’inauguration du pavillon de Louveciennes, en 1771, bâti pour Mme du Barry, dernière maîtresse royale. Aspirant à des commandes plus prestigieuses encore que ces demeures à la mode, Ledoux innova dans le plan semi-circulaire de la saline, évoquant la course du Soleil pour parcourir la voûte céleste, mais aussi dans le dessin des dix bâtiments qui la constituent. De la porte, il fit une grotte inquiétante, précédée d’un portique de six colonnes doriques sans base dont il inventa les proportions. De la maison du directeur, il fit un temple, dont le centre était occupé par la chapelle, qu’il habilla de surprenantes colonnes d’un ordre nouveau, pour lequel des tambours carrés alternaient avec les ronds. Parfaitement au fait de la politique royale en matière de développement économique, l’architecte imagina la saline comme le chœur d’un nouveau carrefour commercial européen et conçut la ville de Chaux qui ne manquerait pas de se développer autour. Durant la construction de l’usine, il commença à faire graver les plans et élévations des bâtiments, puis ceux de tout ce qu’il avait bâti ou projeté.
Son projet éditorial demeura inachevé : en 1804, parut le premier et l’unique volume de L’Architecture considérée sous le rapport de l’art, des mœurs et de la législation. Il nous permet de comprendre encore aujourd’hui, à la lecture du texte qui accompagne les dessins de la saline royale, du théâtre de Besançon et de la ville de Chaux, l’imaginaire de cet architecte connu dans l’Europe entière au XVIIIe siècle, dans le monde entier aujourd’hui.
Cette monographie replace la saline royale au sein de l’œuvre de Ledoux, comme les barrières de Paris (dont celles d’Enfer, du Trône, de la Villette et de Monceau existent toujours), le pavillon de Louveciennes construit pour sa protectrice, Madame du Barry, le théâtre de Besançon ou le château de Bénouville.
Dominique Massounie, maître de conférences en histoire de l’art moderne à l’université Paris-Ouest, est également membre du conseil d’administration du Ghamu. Elle a publié L’Architecture des écuries royales de Versailles (1998), et Les Monuments de l’eau (2009, Éditions du patrimoine, épuisé), ainsi que de nombreux articles et contributions à des actes de colloques. Elle est aussi co-auteur de l’«Itinéraire» sur le Palais-Royal (2006, Éditions du patrimoine).
SOMMAIRE
INTRODUCTION
L’exploitation du sel en Franche-Comté
L’oeuvre ledolcien
I. L’OEUVRE
L’architecte de la maîtrise des Eaux et Forêts de Sens
Demeures aristocratiques et royales
De la « petite maison » au lotissement paysager
Architecture publique et urbanisme
II. GENÈSE D’UNE SALINE ROYALE
L’idée d’une nouvelle saline
Comment la saline devint monumentale
Aménagement du territoire
Trois plans pour une saline
Une architecture pittoresque
De la saline naquit la ville
Habiter et travailler au Val d’Amour
III. UNE SALINE AU CŒUR DE LA FORÊT
Le chantier
La graduation et ses dépendances
Les bâtiments du cercle
L’ordonnance du diamètre
Places, promenades et jardins
IV. UNE SALINE À L’ÈRE INDUSTRIELLE
Les métiers de la saline
La saline dans le marché du sel
La saline au XXe siècle : la patrimonialisation
CONCLUSION
L’homme
L’art et le monument
ANNEXES
Glossaire / Bibliographie / Index