Disparition d’Olivier Michel

Notre ami Olivier Michel (1928-2015) vient de nous quitter. Grande est la tristesse de tous ceux d’entre nous qui ont connu cet homme affable et plein d’humour, masquant sa vaste érudition derrière un sourire modeste.

C’est grâce à lui que les peintres Jacques Gamelin et Pierre Subleyras ont été redécouverts. Et l’exposition du Musée du Luxembourg, consacrée au second en 1987, fit très grande impression. Son ouvrage principal, Vivre et peindre à Rome au XVIIIe siècle (1996), rassemblant une partie de ses articles antérieurs, est un ouvrage de référence d’une parfaite actualité. Il travaillait ces dernières années sur la famille des Parrocel.



Notre ami Olivier Michel (1928-2015) vient de nous quitter. Grande est la tristesse de tous ceux d’entre nous qui ont connu cet homme affable et plein d’humour, masquant sa vaste érudition derrière un sourire modeste.

C’est grâce à lui que les peintres Jacques Gamelin et Pierre Subleyras ont été redécouverts. Et l’exposition du Musée du Luxembourg, consacrée au second en 1987, fit très grande impression. Son ouvrage principal, Vivre et peindre à Rome au XVIIIe siècle (1996), rassemblant une partie de ses articles antérieurs, est un ouvrage de référence d’une parfaite actualité. Il travaillait ces dernières années sur la famille des Parrocel.

Mais qui mieux qu’Olivier Michel lui-même pourrait raconter son parcours ? Il avait en effet rédigé un texte autobiograhique pour le site du GHAMU, que nous avons plaisir à reproduire ici.

«Olivier MICHEL

Autobiographie

Je suis né à Paris, en 1928, de parents méridionaux, bourgeois depuis des siècles, demeurant à Marseille, Bagnères-de-Bigorre et Tarbes. Mon grand-père, Henri Michel (1861-1944) et mon père, Paul-Henri (1894-1964) étaient bibliothécaires et écrivains, passionnés d’études italiennes. Ma mère, Marie-Claire Dejeanne (1889-1949) fut la première femme agrégée d’espagnol en 1920 et me communiqua l’amour de la langue et de la civilisation de ce pays. Son père, Charles (1849-1936), était contrôleur dans l’administration des finances.

Pour échapper aux bibliothèques et à une vie de fonctionnaire, je tentais plusieurs voies plus ou moins proches : d’abord l’édition et la librairie, puis, après un service militaire pacifique au Service géographique de l’armée, j’abordais la peinture avec un élève de André Lothe, Robert Lapoujade, et brièvement l’architecture dans l’atelier Baudouin à l’École des beaux-arts, avant d’obtenir une licence d’enseignement en histoire et géographie, commencée à la Sorbonne et achevée à l’Université de Besançon.

Finalement l’atavisme l’emporta et j’occupais plusieurs postes dans les bibliothèques universitaires de Besançon, Paris (Sainte-Geneviève), Lille et à l’École normale de Saint-Cloud. Après un passage de deux ans au Service technique de la Direction des bibliothèques – où nous rédigieons à l’usage des architectes des conseils pour la construction des bibliothèques qui semblent avoir été rarement lus – le couronnement de cette carrière fut, en 1964, ma nomination comme conservateur-adjoint à la Bibliothèque de l’École francaise de Rome, au Palais Farnèse. C’est à Rome que ma vocation de chercheur en histoire de l’art se révéla, après la mort de mon père, dont les œuvres nombreuses paralysaient en moi toute velléité d’écriture.

Ayant dépassé les délais administratifs admis pour un fonctionnaire à l’étranger, la mise en œuvre, de 1971 à 1981, d’un ouvrage collectif sur le Palais Farnèse, dirigé par André Chastel, me permit d’obtenir en 1978 un poste de chargé de recherche au CNRS (rattaché à M. Jacques Thuillier, professeur au Collège de France) et ainsi de rester en Italie. J’étendis alors mes recherches consacrée aux artistes étrangers – surtout français – séjournant à Rome au XVIIIe siècle, et, secondé par ma femme, Geneviève Guerre (1924-2001), agrégée des lettres, qui enseignait au Lycée Chateaubriant, nous ne quittâmes plus les archives romaines jusqu’à sa maladie en 1998. En trente ans, nous avons rédigé ensemble plus d’une centaine d’articles, dont, par une extrême modestie elle ne voulut signer de son nom qu’un petit nombre. Trente-cinq d’entre eux ont été réunis en 1996 et publiés par l’École francaise de Rome à l’occasion de ma mise à la retraite, sous le titre Vivre et peindre à Rome au XVIIIe siècle.

Durant ces années de recherches, nous avons conseillé beaucoup d’étudiants français et étrangers, surtout anglo-saxons, et j’ai eu deux fois l’occasion de donner une série de leçons sur le bon usage des archives romaines à la Facoltà di magistero (future Université Roma-III) et, grâce au Getty museum, à l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA).

Mon domaine d’étude préféré étant l’histoire de la peinture, la part réservée à l’architecture est assez modeste comme on le verra par la bibliographie sélective qui suit ce texte. Mes deux études les plus importantes dans ce domaine sont la publication de l’inventaire de la bibliothèque d’un architecte maltais fixé à Rome, Carlo Gimac, un Européen avant la lettre, qui lisait le latin, le portugais, l’espagnol, l’italien et le français ! Dans le catalogue d’une exposition Petitot j’ai écrit quelques pages sur les années romaines de cet architecte lyonnais, qui termina sa vie au service des ducs de Parme. »

La bibliographie complète des œuvres d’Olivier Michel peut être consultée sur le site de GHAMU.